ENTREPRENEURIAT: Les droits de la propriété industrielle : un stimulant pour la création d’entreprises

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Les droits de la propriété industrielle : un stimulant pour la création d’entreprises


 Depuis les années 1990, l’économie mondiale fait face simultanément à deux réalités bien différentes. L’une est marquée par une hyper concurrence entre les entreprises existant sur le marché mondial, en raison du dynamisme de l'environnement économique, de l'ouverture des marchés avec la mondialisation et du développement rapide des technologies de l'information et des communications. Cette forte compétitivité a poussé certains intellectuels à prédire une réduction à la peau de chagrin des parts de marché des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Certains d’autres ont même pensé à une disparition progressive de ces formes d’entreprises. L’autre réalité à signaler est une révolution de l’économie industrielle vers une économie de la connaissance et du savoir accordant à la propriété immatérielle un rôle de premier plan (Deffains et Thierry : 2018, cité par Rikabi : 2019). Cette propriété vient être constituée comme une âme cruciale dans la croissance économique. Cette deuxième réalité traine derrière elle une intensification de l’application des droits de la propriété intellectuelle.


     Avec l’essor pris par ces droits, nous pouvons constater que les prédictions pessimistes émises quant à la première réalité sur l’avenir des PME, qui étaient pourtant fondées, sont passées à côté de la plaque. En dépit du fait que certaines d’entre elles ont fait faillite (Khelil : 2016 cité par Levasseur : 2016), la plupart des PME sont toujours existées et leurs parts de marché sont augmentées (Jin et Kirsch : 2015 cité par Levasseur, op.cit.). Déjà, pour le début des années 2000, dans les économies de l’OCDE, les PME ont représenté 60 à 70% de l’emploi et ont valu plus de 95% de l’ensemble des entreprises contre 99% de cet ensemble en 2015. Et ce sont elles qui ont créé une grande partie des emplois nouveaux. Toutefois, il faut attirer l’attention sur le fait que ces entreprises ont investi davantage dans l’immatériel protégé par les droits de la propriété industrielle que dans des actifs tangibles, contrairement auparavant. Ceci porte à croire que ce volet des droits de la propriété intellectuelle impacte les PME vu qu’avec leur accentuation ces dernières se font consolider contre toute attente sur le marché international.

 

De ce fait, posons-nous la question : Quels sont les impacts des droits de la propriété industrielle sur les PME? Les tentatives de réponse à cette question vont constituer l’essence de cet article. Par ailleurs, vu que ce texte est consacré à montrer les impacts des droits de la propriété industrielle sur les PME, pour que nous puissions mieux étayer nos arguments, il faut que, avant d’entrer dans le vif du sujet, nous définissions ce que sont ces droits. D’où, la première partie de notre papier sera constituée en une présentation des droits de la propriété industrielle.

 

Les droits de la propriété industrielle : sa définition et ses éléments constituants.

Les droits de la propriété industrielle sont une composante d’une catégorie de droits plus large qui sont ceux de la propriété intellectuelle. Les droits de la propriété industrielle sont très variés. Ils s’appliquent autant à l’industrie et au commerce proprement dit qu’au domaine des industries agricoles et extractives et à tous produits fabriqués ou naturels. D’où, ils comprennent deux principales matières, à savoir les créations nouvelles ou industrielles et les signes distinctifs. Les premières sont relatives au brevet d’invention, aux dessins et aux modèles. Les deuxièmes en revanche, concernent les produits ayant comme assise des indices qui permettent aux consommateurs de les distinguer ou de les identifier facilement de ceux d’un concurrent.


    Parmi ces indices, il y a ceux protégés par les lois sur la marque de fabrique ou de commerce, les marques de service, l’enseigne, les noms commerciaux et les indications géographiques qui forment, à la manière de la législation sur la concurrence déloyale, les procédés les plus sûrs d’assurer la protection du consommateur. Présentement, avec les changements de l’économie contemporaine tablée absolument sur la recherche et le développement, nous avons pu assister à de profondes mutations qui ont débouché sur une internationalisation et une communautarisation des droits de la propriété industrielle.

 

Les droits de la propriété industrielle excitent les entreprises à innover incessamment.

Certains analystes financiers ont prédit la disparition des PME vu qu’ils étaient doutés sur les capacités de ces dernières à innover, c’est-à-dire à développer, à moindre coût et plus vite que leurs concurrents, les compétences clés qui vont engendrer des produits nouveaux créant du même coup des barrières à l’entrée. Si c’est vrai, l’innovation est généralement considérée comme un facteur de croissance des firmes; car, elle leur permet quelquefois de vendre leurs produits à meilleur marché grâce à une nouvelle technique, mais surtout d’offrir autre chose et d’échapper ainsi et pour un certain temps, à une pression sur les prix; pourtant, elle n’est pas suffisante à elle seule pour assurer le développement des PME à cause que les techniques et/ou méthodes innovantes peuvent être facilement imitées dans certains cas. Et en cas d’imitation, à coûts forcément moindres, la probabilité pour les PME qui innovent de faire faillite s’accroît davantage. Puisqu’elles ne peuvent pas vendre leurs produits avec le prix qui leur permettent de rentabiliser leurs innovations.

Dès lors, les droits de la propriété industrielle interviennent pour protéger ces nouveautés ou originalités. Ce faisant, les entrepreneurs peuvent bien investir pour produire de nouvelles connaissances et de nouvelles méthodes en sachant qu’ils auront très probablement la possibilité de rentabiliser leurs investissements. Car, ces droits attribuent l’exclusivité d’exploitation sur ces connaissances ou ces méthodes et, par conséquent, rendent possible leurs échanges sur des marchés. Autrement dit, elles deviennent des « biens » marchands, monnayables et négociables.

 

Si certaines PME font des droits de la propriété industrielle une utilisation avant tout défensive, de protection, d’autres y recourent profondément pour faire le commerce de leurs idées et de leurs compétences. Dans ce cas-ci, leur principal capital est leur « matière grise ». Il s’agit évidemment d’un nouvel type d’entreprises qui a pu se déployer à partir de la vulgarisation et de l’usage de ces droits. En somme, ces droits permettent aux PME de résister face à la forte compétitivité qui existe sur le marché mondial en dépit du fait qu’elles ne peuvent pas réaliser des économies d’échelle au même niveau qu’aux entreprises multinationales ou transnationales.

 

Les titres de ces droits : outils de publicité, de connaissance du milieu et de collaboration entre les PME.

Les portefeuilles des droits de la propriété industrielle présentent par ailleurs un triple avantage pour les PME. D’abord, elles leur accordent l’opportunité de faire publicité pour leurs produits. En effet, le fait que les consommateurs savent que telle entreprise obtient des droits de la propriété sur tels champs d’activités ou telles méthodes, ils témoignent plus d’estime pour cette entreprise. Vu qu’ils sont plus ou moins au courant de l’ensemble d’exigences auxquelles doivent soumettre une entreprise pour l’obtention de ces droits. Dans un monde où la fonctionnalité première d’un bien ou d’un service n’est plus suffisante pour séduire les consommateurs, l’adjonction de composants culturels (image, histoire, etc.) est indispensable, cette marque d’estime sera très avantageuse pour l’entreprise qui en profite. Cela est possible grâce à la propriété industrielle. À noter que l’image envoyée par un brevet c’est le progrès ou la créativité. La marque pour sa part, montre aux agents économiques que l’entreprise est indépendante, qu’elle vend des produits différents et qu’elle n’a rien à envier aux autres entreprises. Tout ceci fait que les entreprises qui ont des droits de propriété ont une grande probabilité de bénéficier d’une clientèle propre.

 

Ensuite, le fait que les droits de la propriété industrielle ouvrent la voie pour les PME d’accéder, de manière fiable et aisée, aux informations sur les innovations apportées par les unes et les autres, ceci permet à ces formes d’entreprises de mieux connaître l’état d’un secteur d’activités, les limites dans l’exploitation d’une idée, d’une technique ou d’une image et les avantages et/ou inconvénients liés à l’exercice de certains domaines d’activités. Aux fins d’illustration, on peut citer les résultats d’une enquête effectuée en 2017 par l’Office Européen des Brevets (OEB). Comme résultats, l’OEB a trouvé que 70% des 265 experts en innovation ont utilisé des informations puisées dans les brevets et 72% ont considéré ces informations comme très importantes pour leurs travaux. En outre, les titres de propriété industrielle sont également une façon de faire savoir aux concurrents que l’entreprise occupe déjà le terrain. Il s’agit non seulement de protéger ses créations ou inventions, mais il faut, pour une entreprise, afficher sa propriété afin de décourager les éventuels imitateurs. Par conséquent, ces droits représentent un moyen aisé et peu coûteux d’accéder à des sources de connaissances fraîches et fiables. Un tout autre avantage des titres de la propriété industrielle, que nous n’aurons pas le temps de développer ici, est le fait qu’ils représentent pour les PME la fonction de passeports pour entrer en négociation avec des concurrents ou partenaires industriels.

 

Tout compte fait, nous avons vu comment les droits de la propriété industrielle ont impacté les PME. Après des analyses, nous avons montré que ces droits ont permis à ces catégories d’entreprises de faire la guerre des prix et de qualité avec les grandes entreprises vu que les PME peuvent à présent innover continuellement. Car, ces dernières ont désormais la garantie de rentabiliser leurs fonds déboursés pour l’innovation. En plus, ces droits leur ont permis de mieux connaitre le milieu des affaires, d’avoir une franche collaboration entre elles et d’entrer en négociation avec des concurrents. Sans oublier que ces droits sont une sorte de marketing pour les PME. À rappeler aussi que nous avons pris le soin, avant d’entrer d’emblée dans le développement de notre thèse, de définir les droits de la propriété industrielle.

 

Jonathan GÉDÉON, étudiant finissant en Sciences Comptables et en Sciences Économiques.

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