Une analyse de la réalité politique haïtienne : Entre Ingérence et lutte contre les personnes qualifiées.

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L'assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le père de la nation haïtienne, peu après l'acquisition de l'indépendance, a marqué une étape grave dans l'histoire de notre peuple. Cette incapacité à nous unir pour un avenir meilleur a ouvert la voie à de nombreuses crises potentielles. En effet, l'ingérence des puissances étrangères a trouvé un terrain favorable en Haïti. L'absence de cadres qualifiés est devenue un phénomène courant, permettant aux impérialistes de mieux nous contrôler, pour notre plus grand malheur. Cette situation fait qu'à ce jour, Haïti peine à sortir de l'auberge.

Tout au long de notre histoire, de nombreux dirigeants arrivés au pouvoir sont devenus des marionnettes, manipulées selon les désirs de certaines puissances étrangères. Ainsi, après le départ de Rivière Hérard, une politique de façade instaurée par la bourgeoisie a pu être respectée. Cette politique consistait à placer un Noir, ancien vétéran de l'armée et souvent analphabète, au pouvoir, afin de le manipuler à leur apparence. Cependant, Faustin Soulouque mit fin à cette politique, contraint la classe bourgeoise à se retirer de la politique nationale. Par sa bravoure, il réussit à mettre un terme à cette pratique.

Depuis Soulouque, on peut se demander si un autre chef d'État a tenté de résister à être utilisé comme bouc émissaire. Malheureusement, il semblerait que cette situation ait recommencé dès son départ et perdure jusqu'à nos jours. En effet, ses successeurs n'ont pas eu le courage de reprendre sa phrase : « Si je suis nommé président, je saurai me conduire en chef ». Guidés par l'étranger, ils ne travaillent pas dans l'intérêt du pays. Au contraire, ils se servent du pays au lieu de le servir. L'international utilise des stratégies sophistiquées pour maintenir le peuple dans un état de servitude, supprimant nos valeurs culturelles et morales.

Cela engendre une fuite des talents nationaux, ceux qui sont bien formés ou qui ont la volonté de participer au changement. Comment pouvons-nous espérer avoir des dirigeants qui souhaitent le bien du pays lorsqu'ils sont corrompus ? Cette corruption ne fait que précipiter le pays dans une situation de déclin continu.


La Situation Éducative et Politique en Haïti : Un Appel à l'Émergence de Dirigeants Intégrés



Il faut noter que nous avons bien fouetté les impérialistes en raison du grand exploit que nous avons fait en acquérant notre indépendance par la force de nos bras.. En effet, des esclaves ont vaincu la plus grande armée de l'époque. Selon les puissances coloniales, Haïti est devenu une menace pour les autres colonies. Il fallait donc, par tous les moyens, maintenir ce peuple dans une forme d'esclavage. Pour ce faire, l'isolement du pays et le soutien à des dirigeants corrompus ont été des stratégies privilégiées. Nos institutions sont infiltrées et affaiblies car les soi-disant dirigeants se soucient davantage de leurs privilèges tout en prenant des décisions qui plaisent à leurs patrons. Ces dirigeants deviennent aveugles et insensibles à la misère du peuple. Ceux qui osent leur tenir tête ou provoquer une révolte sont perçus comme des menaces à combattre voire à abattre, ce qui explique la présence fréquente d'incompétents dans nos institutions. Les qualifiés sont souvent écartés, soit par l'impossibilité de prouver une expérience de travail de 3 à 5 ans, soit par leur refus de céder à la corruption. On dirait qu'il y a une volonté délibérée d'empêcher la formation de cadres qualifiés ou de les éliminer.

Malgré ces obstacles, certains continuent de se former et de choisir de rester au pays, porteurs du désir de travailler ardemment pour un avenir meilleur. Cependant, nos dirigeants manipulés perpétuent une politique de méfiance envers l'éducation, perçue comme une menace pour leur contrôle. Ils appliquent la politique de Boyer qui affirmait que « semer l'instruction, c'est semer la révolution ». Ils agissent ainsi pour maintenir la population dans l'ignorance, correspondant à l'émergence de jeunes cadres. On peut alors se demander quel est le rôle de l'éducation dans la société haïtienne.


Nelson Mandela disait que « l'éducation est l'arme la plus puissante qu'on puisse utiliser pour changer le monde ». Si un peuple est privé d'éducation, il ne peut prospérer et risquer de se diriger vers sa ruine. Malheureusement, nos dirigeants détournent cette arme en rendant l'éducation inaccessible et en distrayant le peuple avec des plaisirs superficiels. Tout ce qui peut nous détruire devient une arme pour nous décourager et nous faire fuir. Ceux qui s'opposent à cette mauvaise gouvernance deviennent des menaces à éliminer, comme ce fut le cas pour Maître Monferrier Dorval et Grégory Saint-Hilaire, assassinés parce qu'ils défendaient une cause juste. Notre peuple est souvent oublié. Pour le calmer, on lui offre une abondance de plaisirs superficiels, pour « faire avaler la pilule ».

Dans son livre "L'obsolescence de l'homme", Günter Anders écrit : « pour étouffer par avance tout sentiment de révolte, il suffit simplement que l'accès à l'éducation devienne de plus en plus difficile, créant un fossé entre le peuple et la science. Que l'information destinée au grand public soit anesthésiée. Il faut les déranger par d'autres plaisirs et que la sexualité soit au premier rang des intérêts humains ». C'est ce que nous constatons aujourd'hui, où toutes nos valeurs morales sont détruites par des plaisirs superficiels. Le phénomène de « krèy » et le slogan « timoun 2000 » encouragent les jeunes à se détourner de la réflexion et de l'avenir, les plongeant dans un abîme de superficialité.


L'école, considérée comme la base de la société, devient de jour en jour inaccessible. À chaque mouvement de protestation, c'est l'école qui est la cible véritable de nos dirigeants. Cela devient de plus en plus difficile car il n'y a pas une année où les élèves passent neuf mois à l'école sans interruption. Cette situation arrangeant les impérialistes car sans éducation, la manipulation devient plus facile.

L'université, moteur de toute société, est également ciblée par l'impérialisme via les politiciens traditionnels et leurs groupes armés. Nos universités et écoles dans la capitale et les zones avoisinantes sont souvent aux mains des bandes armées. Les plus grandes bibliothèques du pays sont pillées, et des institutions comme la Faculté de Médecine et de Pharmacie, la Faculté des Sciences, l'École Normale Supérieure et la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire sont devenues des quartiers généraux pour les malfrats. Nos universités, déjà traitées en parents pauvres, sont presque réduites au néant. On dirait que tout est planifié.

Face à ces tristes réalités, où le pays sombre dans le chaos résultant de l'ingérence étrangère et de l'absence de cadres qualifiés dans nos institutions, il est impératif de trouver une solution pour éviter le pire. L'avenir d'Haïti dépend de l'émergence de dirigeants intègres et visionnaires, libérés de l'entreprise étrangère, engagés à investir dans l'éducation, plutôt que des marionnettes enfonçant davantage le pays.


                                                         
Par Réginald GRACIA
Étudiant en Sciences politiques à l'UEH
Graciareginald323@gmail.com
+509 4653-5997
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